Tragédie du Heysel, quand la mémoire devient une bataille

HEYSEL

Lorsque l’on est supporter passionné de football, ou de tout autre sport, notre mémoire est pleine de souvenirs heureux comme les meilleurs buts ou passes décisives, les plus belles victoires et les rencontres mémorables, les titres obtenus et les finales remportées.

Mais parfois, on se souvient aussi des drames, des moments tragiques et douloureux. On se souvient d’une date, on se souvient de ce jour de final entre la Juventus de Turin et Liverpool au stade du Heysel de Bruxelles…

Jour de finale ou jour de bataille ?

C’était le 29 mai 1985, Liverpool et la Juventus de Turin s’affrontent en final de la coupe d’Europe des clubs champions européens, ancien nom de l’UEFA, en direct du stade bruxellois Heysel. Bien que les supporters de Liverpool ne soient pas considérés comme les plus violents d’Angleterre, des mesures anticipatives ont été prises. Les supporters vont prendre place très tôt dans l’enceinte du stade et près de 2 300 policiers sont mobilisés.

À l’attente du coup d’envoi s’ajoutent les provocations, les jets d’objets, les insultes et les supporters de Liverpool ne tardent pas à passer le simple grillage de « sécurité » et à s’introduire dans le bloc réservé à la Juventus, le fameux Bloc Z.

À ce moment-là, c’est la panique qui prend le dessus, les policiers sont dépassés et ne réagissent pas à temps. C’est un résultat catastrophique à l’arrivée, des centaines de supporters sont écrasés et étouffés par la foule qui tente de s’échapper. Le bilan est lourd, 39 morts et plus de 400 blessés.

Une commémoration refusée

Si dès lors, le 29 mai est devenu une date importante pour de nombreuses personnes, les commémorations ne seront pas acceptées et s’effectuent uniquement entre supporters. Pour éviter de se souvenir d’un événement « gênant », il suffit d’en supprimer les traces et c’est ce qui sera mis en place entre 1994 et 1995. Les tribunes sont démolies et le stade est rebaptisé stade Roi Baudoin. Une plaque commémorative sera tout de même réalisée, sur laquelle est inscrite une formule simple : « In memoriam 29.05.85 ».

C’est à force de bataille que vingt ans plus tard, le 29 mai 2005, une cérémonie officielle a lieu et qu’un monument commémoratif est créé avec la liste des 39 victimes, il se nomme « Arrête toutes les horloges » et évoque le temps du souvenir et de la mémoire.